Amis de la polémique et du waterzoï réunis, bonjour ! Nous sommes le Lundi 21 décembre 2020, si l’on en croit le calendrier républicain, ce jour, premier de Nivôse, est dédié à la tourbe. Nivôse qui nous vient tout droit du latin Nivosus, riche en neige… C’est bien tout ce qu’il reste de riche par les temps qui courent ; mis à part quelques spéculateurs véreux qui se repaissent sur le dos des petites gens et qui regardent en se bidonnant nos acquis sociaux se réduire à peau de chagrin. Ma doué benniget !
La tourbe donc, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a été pendant longtemps la principale production du Yeun Elez, cette zone marécageuse située au cœur des Monts d’Arrée (Finistère) sous le regard vigilant de nos géants de granite: Roc’h Trevezel, Roc’h Trédudon, Menez Kador. La légende situe ici même, au cœur de ces tourbières, les portes de l’Enfer: Le Youdig. Voici ce qu’en dit Anatole Le Braz dans « La légende de la Mort »: « On dirait, en été, une steppe sans limites, aux nuances aussi changeantes que celles de la mer. On y marche sur un terrain élastique, tressé d’herbes, de bruyères, de jonc. A mesure qu’on avance, le terrain se fait de moins en moins solide sous les pieds : bientôt on enfonce dans l’eau jusqu’à mi-jambes et, lorsqu’on arrive au cœur du Yeun, on se trouve devant une plaque verdâtre, d’un abord dangereux et de mine traîtresse, dont les gens du pays prétendent qu’on n’a jamais pu sonder la profondeur. C’est la porte des ténèbres, le vestibule sinistre de l’inconnu, le trou béant par lequel on précipite les « conjurés ».
https://youtu.be/qWrtUKOQPeo
Cette flaque est appelée le Youdig (la petite bouillie) : parfois son eau se met à bouillir. Malheur à qui s’y pencherait à cet instant : il serait saisi, entraîné, englouti par les puissances invisibles ». Depuis le temps que l’on s’échine à démanteler la centrale nucléaire de Brennilis (à l’arrêt depuis 1985)… Elles sont peut-être là, les invisibles puissances ! « Sant Mikêl vraz a oar an tu d’ampich ioual ar bleizi-du » ( Le grand saint Michel sait la manière d’empêcher de hurler les loups noirs ) allusion à la chapelle Saint-Michel de Braspart qui domine le Yeun Elez. Voila ce que l’on répond à ceux qui ont eu le malheur de s’égarer dans le marais et qui disent avoir entendu hurler les chiens de la mort. Mon aïeule nous contait l’histoire des crieurs de nuits (hoper noz) que sont les enfants morts sans baptême et qui doivent rester errer ainsi jusqu’au jugement dernier. Bref, que des trucs vachement rigolo…
Allez, portez vous bien en attendant le re-reconfinement et à bientôt peut-être.
toujours aussi plaisant de vous lire et d’apprendre.
22 décembre 2020 @ 12 h 29 min
Merci, bonne fin d’année.
22 décembre 2020 @ 14 h 06 min