Amis du zeugme sémantique et du waterzoï réunis, bonjour ! Nous sommes le dimanche 26 octobre 2014, 5è jour de brumaire dédié à l’oie… En Belgique, ils ont enfin un gouvernement, cette fois, il aura suffi de 135 jours après les élections, pour permettre l’arrivée aux responsabilités à Bruxelles de la NVA de Bart de Wever, un parti qui prône la disparition à terme de la Belgique et l’indépendance de la Flandre. Nos amis belges sont de grands poètes… La preuve, pour agrémenter notre galerie de portraits, aujourd’hui quelques mots à propos de NORGE, décédé un 26 octobre, pseudo de Georges MOGIN, grand poète belge dont de très beaux textes furent interprétés par Jeanne MOREAU. « La poésie ne verra peut-être jamais les îles promises, mais elle demeure au sommet du grand mât la vigie passionnée. Elle connait les vagues par leur nom. L’équipage s’endort. Elle veille. «
Ou encore:
«Je mets beaucoup d’ordre dans mes idées.
Ça ne va pas tout seul:
Il y a des idées qui ne supportent pas l’ordre
Et qui préfèrent crever.
À la fin j’arrive à avoir beaucoup d’ordre,
Et presque plus d’idées.»
Géo Norge
En compagnie de Raymond Rouleau, il fonde, en 1925, le théâtre du Groupe libre, un groupe avant-gardiste et éphémère qui mettra en scène Cocteau, entre autres. Norge meurt à Mougins, en 1990, précédé de quelques années par sa femme. Il est enterré dans le cimetière du Grand Jas à Cannes. «Avec Henri Michaux, Geo Norge est le poète contemporain belge qui a le plus contribué à la vitalité de la poésie francophone. Comme il ne se prenait pas beaucoup au sérieux, on a souvent tendance à ne pas le prendre au sérieux. C’est un tort : sa poésie, pour légère qu’elle puisse paraître (dans le sens où la poésie de Charles Cros, de Germain Nouveau ou de Jules Laforgue est légère) n’en rend pas moins compte d’une palette étendue de bouleversements intérieurs, où, entre autres, la foi et le désespoir ont chacun leur tour…
…Comme René Depestre, Max Jacob, Desnos, il ne joue pas au poète, il est « le plus naturellement du monde poète » et plutôt que d’essayer de nous impressionner par des acrobaties verbales, il voudrait bien nous parler et nous rejoindre. Sa langue colorée, charnelle, vivante, joueuse, sa « langue verte » pour emprunter le titre d’un de ses livres publiés à la NRF, y parvient le plus souvent.» Piers Tenniel. La vie et l’oeuvre de Norge ont été évoquées par son ami Marc Alyn dans la collection « Poète d’Aujourd’hui » de Pierre Seghers. C’est donc une poésie très neuve qui caractérise Norge, elle a pour modèles la chanson populaire et les fables, s’attache à décrire, à force d’argot, des anecdotes de la vie des gens simples, ceux d’en-bas, et se moque continuellement de la poésie « noble », c’est-à-dire de presque toute la poésie.
Et bien voila pour ce dimanche automnal, en attendant la suite, portez vous bien et à demain peut-être.
Ne manquent plus qu’un délicieux pot je vleech, et une bière des Flandres.
En même temps, il y a cent ans aujourd’hui que mon grand-oncle, qui à l’époque était fiancé à ma grand-mère, est tombé justement dans les Flandres, à Zonnebeke juste à l’est d’Ypres. Respect à toi, Raymond !
26 octobre 2014 @ 7 h 22 min
TOUT TOUT
Je voulais tout et quand j’eus tout,
…Mais savez-vous planter des choux ?
J’eus tout et je ne sus qu’en faire
… A la mode de chez nous -
Ce tout-là, ce n’était qu’enfer
Tu en as déjà trop dit, Prosper,
(…)
NORGE – extrait du recueil Le Stupéfait
26 octobre 2014 @ 17 h 11 min